Le modèle de croissance actuel de notre économie basé sur le triptyque « extraire – utiliser – jeter » est à bout de souffle. L’épuisement des ressources naturelles, l’envolée des prix de certaines matières premières, l’augmentation des coûts de la chaîne logistique et l’impact négatif sur l’environnement sont aujourd’hui des faits reconnus. Face à ces défis, la France doit « circulariser » son modèle de croissance.
L’Economie Circulaire désigne un système économique sans déchets où tous les matériaux, coproduits ou objets usagés, sont réintroduits dans les chaînes de valeur pour être réutilisés plusieurs fois au lieu d’être jetés. Ce système soutient un mode de fonctionnement en « boucle fermée », proche de celui des écosystèmes naturels. Il vise à tirer parti des pratiques telles que le recyclage, la réutilisation, l’écoconception ou l’écologie industrielle et territoriale, tout en créant à la fois une valeur économique et sociale. Cette approche est également compatible avec l’économie de la fonctionnalité, une démarche qui favorise l’usage à la possession des produits.
L’Economie Circulaire offre plusieurs avantages. Tout d’abord, grâce à une meilleure gestion des ressources naturelles, elle réduit les coûts de fonctionnement des entreprises et optimise leurs chaînes logistiques. Ensuite, elle permet de se prémunir contre les chocs des prix des ressources et de sécuriser ainsi les approvisionnements. Enfin, elle offre de nouvelles opportunités d’affaires et permet de créer des emplois à haute valeur ajoutée et non délocalisables, notamment dans la valorisation des déchets ménagers et industriels.
À bien des égards, la Bretagne se présente comme un terrain fertile pour l’économie circulaire. La richesse des initiatives à l’œuvre telles que le plan départemental de prévention et de gestion des déchets du bâtiment et des travaux publics du Morbihan, l’observatoire régional des déchets de Bretagne ou le projet Breizh’Alg sont là pour en témoigner.
Les « connecteurs » bretons comme Eco-origin, Valorial ou l’ADEME jouent également un rôle très important dans le développement de la chaîne circulaire.
Au niveau industriel, les entreprises bretonnes ont déjà commencé à innover autour du concept de l’économie circulaire. Ainsi le groupe Savéol, leader de la production de tomates en France, a opté pour la protection biologique intégrée (PBI) à travers l’élevage d’insectes utiles pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. Algopack, une entreprise malouine, fabrique du bioplastique 100 % bio issu des algues brunes. Le groupe breton Glon Sanders a développé la réutilisation de coproduits de l’industrie alimentaire pour en faire des matières premières riches en protéines destinées à l’alimentation des animaux. On assiste également au développement de nouveaux modèles d’affaires autour de la valorisation des déchets avec la création de partenariats collaboratifs tel qu’AMI-API, une entreprise bretonne spécialisée dans la tôlerie fine, qui propose de recycler les déchets d’emballage de ses clients. Le groupe Cooperl, leader français de la production porcine, a créé un centre de dépollution et de valorisation unique en Europe pour éliminer ses déchets mais aussi ceux d’autres industries agroalimentaires et de nombreuses communes de la région du Grand Ouest. Le projet développé par Véolia et ENVIE Rennes est plus ambitieux et vise à créer un site de recyclage de matelas pour tout le Grand Ouest.
Enfin, au niveau des compétences, le savoir-faire industriel breton ajouté à un tissu d’entreprises performantes, le tout conjugué à une culture locale de solidarité et de collaboration, sont des atouts certains qui confèrent à la région des avantages distinctifs. Il ne reste plus qu’à savoir tirer parti de ces atouts afin de capturer la valeur sociale et financière de l’Economie Circulaire.