On sait depuis très longtemps que le niveau de prospérité en Occident, et plus récemment dans le reste du monde, ne sera pas soutenable à long terme. Les besoins croissants d’une population mondiale en pleine expansion sont de plus en plus en décalage avec les ressources disponibles de la planète. Par exemple, si tout le monde vivait comme nous le faisons en France, trois planètes complètes seraient nécessaires. C’est pourquoi nous devons repenser notre paradigme de croissance – en plaçant la durabilité au cœur de nos modes de production et de consommation. À cet égard, le concept de l’économie circulaire a émergé ces dernières années pour accompagner cette mutation.
L’économie circulaire est un paradigme pour une croissance durable qui vise à inscrire nos activités économiques dans une logique de fonctionnement cyclique analogue à celle des écosystèmes naturels où rien ne se perd, mais tout se transforme. Son but ultime consiste à « découpler » notre développement économique des contraintes liées à l’épuisement des ressources naturelles, permettant ainsi à la prospérité de s’accroître tout en utilisant moins de pétrole, de minéraux et d’autres ressources fossiles.
L’économie circulaire se présente comme l’antithèse de notre économie linéaire actuelle dans laquelle des matières premières vierges sont extraites, puis utilisées pour fabriquer des produits dont l’obsolescence est programmée, avant d’être jetées, générant ainsi des montagnes de déchets. Au fil des ans, nous sommes devenus une société du jetable.
Dans la philosophie de l’économie circulaire, la notion de déchet n’existe pas; tous les matériaux, coproduits ou objets usagés sont réintroduits dans les chaînes de valeur pour être réutilisés plusieurs fois au lieu d’être jetés. L’accent est mis sur le recyclage perpétuel rendu possible grâce à la conception de produits plus durables, moins toxiques et plus faciles à démonter et à réparer. Ce modèle encourage l’utilisation de ressources régénératives de manière à limiter l’extraction de ressources vierges.
La transition vers une économie circulaire offre plusieurs bénéfices en perspective. Ces bénéfices sont économiques, environnementaux et sociétaux et touchent l’ensemble des acteurs économiques: pour la société dans son ensemble, elle garantit une capacité continue de jouir d’un niveau de vie de haute qualité dans un environnement plus sûr et avec une économie plus stable et créatrice d’emplois non délocalisables ; tandis que pour les entreprises, elle crée de nouvelles opportunités de croissance, renforce la relation avec les clients et réduit les risques liés à une pénurie de matières premières. Pour les consommateurs, elle offre plus de choix et facilite l’accès à des produits et services jusqu’alors inaccessibles.
De toute évidence, l’économie circulaire n’est pas une solution magique qui résout tous nos problèmes, mais elle est, jusqu’à présent, le seul concept à proposer des approches concrètes et pratiques pour organiser notre développement économique dans les limites écologiques de la planète. Elle porte un nouvel élan pour réinventer notre économie en la rendant plus durable et résiliente mais sans tomber dans la décroissance. Toutefois, afin de tirer parti de ces avantages potentiels, les parties prenantes doivent agir de concert pour aider à surmonter les difficultés inhérentes à cette transition, permettant ainsi à l’économie circulaire de placer l’économie mondiale sur la voie d’une croissance durable.
Cet article a été publié dans Ouest France le 21/05/2020 dans la rubrique POINT DE VUE. Si vous avez aimé cet article, merci de le partager avec votre réseau!