Pour une croissance sélective
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Imaginez un monde dans lequel l’Homme vit en symbiose avec la Nature. Un monde sans déchets, sans pollution où la biodiversité est conservée grâce à l’intervention de l’Homme. Un monde où le progrès économique ne se fait pas au détriment de la Nature. Est-ce possible ? Ou bien la vie sur Terre doit-elle être un « jeu à somme nulle » entre l’Homme et la Nature ?

Il est toujours surprenant de voir de plus en plus d’acteurs de « l’écologie politique » en France se résoudre à cette vision pessimiste. Ils envisagent l’avenir comme un scénario sombre avec comme seule perspective la « décroissance » pour sauver l’humanité d’un effondrement certain.

Ils imaginent un avenir catastrophiste dans lequel la croissance économique devrait être radicalement réduite, même au prix du progrès social. Assumer que ce sont nos seuls choix est un échec fondamental de l’ingéniosité humaine. Une autre alternative existe : la croissance sélective.

La croissance sélective soutient l’idée que nous pouvons résoudre nos problèmes écologiques en planifiant l’orientation de nos efforts de croissance et de production vers des secteurs et activités essentiels au bien-être humain.

Concrètement, nous devons établir une distinction entre la production socialement utile (où le maintien de la croissance est conceptuellement possible et souhaitable) et la production socialement inutile (où les impacts écologiques doivent imposer une réduction planifiée à terme).

Utile au bien-être

La croissance sélective, contrairement à l’idéologie de la décroissance, situe la source de nos défis écologiques actuels au niveau du contenu de nos systèmes productifs en partant du postulat que toutes nos productions ne sont pas légitimes devant les besoins humains. En effet, certains secteurs de l’économie sont gaspilleurs et inutiles pour le bien-être humain : les SUV, les énergies fossiles, les jets privés ou la fast fashion. La croissance sélective soutient simplement que la production dans ces secteurs devrait être réduite pour libérer la place à d’autres activités : les soins de santé, le logement durable, les transports en commun, les énergies renouvelables, les voitures électriques, les technologies de smart grid ou l’agriculture de préservation. Il s’agit en quelque sorte d’un processus de « destruction créatrice » où la bonne croissance chasse la mauvaise.

De toute évidence, il est urgent de changer notre paradigme de croissance pour lutter efficacement contre la crise climatique, mais il ne suffit pas de réduire la production globale pour y parvenir. La pandémie de Covid-19 nous a récemment prouvé que le ralentissement économique et l’arrêt des voyages touristiques ne servaient pas la cause écologique. Les consommateurs, mais aussi les collectivités ont renié leurs valeurs de recyclage et de consommation raisonnée dès les premiers signes de pénurie. Nous devons plutôt prendre de bonnes décisions et fixer des priorités claires concernant l’orientation qualitative à donner à notre croissance économique, en mettant sur un pied d’égalité le progrès social et l’environnement au centre de la même équation.

Il est important de noter que la croissance n’a pas seulement un rythme, elle a aussi une direction ; et la direction que nous choisissons compte – pour construire un avenir durable dans lequel l’Homme et la Nature prospèrent ensemble.

Cet article a été publié dans Ouest France