Les villes sont bien placées pour soutenir et guider la transition vers l’économie circulaire. Elles ont les outils, les prérogatives et l’autorité nécessaire pour accélérer les changements requis.
L’un des grands défis de notre civilisation pour les prochaines années sera de garantir que notre développement économique s’opère dans les limites écologiques de la planète. Les besoins croissants d’une population mondiale en pleine expansion ne pourront être satisfaits sans la préservation des ressources naturelles et des écosystèmes écologiques. S’attaquer à ce défi exige un changement de paradigme dans la façon dont nous menons nos activités économiques – en plaçant la durabilité au cœur de nos modes de production et de consommation. À cet égard, le concept de l’économie circulaire a émergé ces dernières années pour accompagner cette mutation.
Economie circulaire
L’économie circulaire est un paradigme pour une croissance durable qui vise à inscrire nos activités économiques dans une logique de fonctionnement cyclique analogue à celle des écosystèmes naturels où rien ne se perd, mais tout se transforme. L’objectif est d’améliorer le bien-être humain et la qualité de vie, en s’éloignant du consumérisme inutile, sans compromettre les ressources naturelles.
L’économie circulaire se présente comme l’antithèse de notre économie linéaire actuelle dans laquelle des matières premières vierges sont extraites, puis utilisées pour fabriquer des produits dont l’obsolescence est programmée, avant d’être jetées, générant ainsi des montagnes de déchets. Au fil des ans, nous sommes devenus une société du jetable.
Dans la philosophie de l’économie circulaire, la notion de déchet n’existe pas; tous les matériaux, coproduits ou objets usagés sont réintroduits dans les chaînes de valeur pour être réutilisés plusieurs fois au lieu d’être jetés. L’accent est mis sur le recyclage perpétuel rendu possible grâce à la conception de produits plus durables, moins toxiques et plus faciles à démonter et réparer. Ce modèle encourage l’utilisation de ressources régénératives de manière à limiter l’extraction de ressources vierges.
Des avantages indéniables
La nécessité d’une transition vers une économie circulaire est largement admise car nous sommes désormais davantage conscients de la finitude des ressources naturelles et de l’impact négatif de notre modèle de croissance linéaire sur l’environnement. En même temps, l’économie circulaire présente des opportunités d’affaires compatibles avec les limites écologiques de notre planète, tout en renforçant l’innovation et la création de nouveaux emplois. Au niveau plus global, l’économie circulaire a également le potentiel d’aider à contenir le réchauffement climatique à 1,5° conformément aux objectifs de la COP21.
Toutefois, pour passer d’une économie linéaire à une économie circulaire, il faudra modifier les stratégies de marché, les chaînes d’approvisionnement ainsi que les modèles économiques de production et de consommation. Ces transformations situent carrément l’épicentre de la transition vers l’économie circulaire dans les endroits où nos systèmes de production et de consommation se chevauchent le plus, où la densité des innovations complexes est la plus rapide, où les ressources sont les plus limitées et où vivre avec les conséquences des déchets et de la pollution est le plus désastreux. Ces lieux sont les villes – en particulier les grandes villes.
Le rôle catalyseur des villes dans la transition vers l’économie circulaire
Les villes sont bien placées pour soutenir et guider la transition vers l’économie circulaire. Leur proximité avec les préoccupations et les besoins quotidiens des citadins et des entreprises ainsi que les leviers politiques dont elles disposent leur confèrent ce rôle clé.
Dans l’exercice de leurs compétences, les villes ont la capacité d’influencer de manière active les chaînes de valeur et de stimuler les pratiques d’économie circulaire par le biais des marchés publics ou de montrer l’exemple en achetant des produits à faible impact écologique. Elles peuvent également collaborer avec les acteurs industriels locaux pour promouvoir l’approvisionnement durable en matières premières et différents modes de circulation des ressources, tels que la symbiose industrielle, la logistique inverse, le crédit-bail, le partage ou le reconditionnement des produits usagés.
Enfin, les villes peuvent soutenir directement les acteurs locaux en fournissant un financement ciblé, un accès aux connaissances et à l’information, ainsi que des possibilités de mise en réseau. Ce faisant, elles permettent à l’économie circulaire de s’enraciner et de s’épanouir, et de faire en sorte que de nombreux acteurs de la ville (entrepreneurs, investisseurs, collaborateurs, citoyens) puissent contribuer à l’accélération des bénéfices qu’elle apporte.
En somme, les villes sont bien placées pour soutenir et guider la transition vers l’économie circulaire. Elles ont les outils, les prérogatives et l’autorité nécessaire pour accélérer les changements requis. Mais pour cela, elle doivent adopter une vision claire et un engagement politique fort en faveur de l’économie circulaire. Cela implique de reconnaître l’importance de cette transition et de fixer des objectifs ambitieux pour y parvenir. Le défi est énorme !
Cet article a été publié dans le journal Les échos le 21/06/2023 sous le titre: “Les villes, forces motrices de l’économie circulaire”
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