« Nous devons faire beaucoup avec peu. » Ces mots du Premier ministre Michel Barnier, lors de son premier discours à l’Assemblée nationale, résonnent comme un appel urgent à réinventer la gestion de nos services publics. La situation financière est préoccupante : la dette publique ne cesse de croître, les recettes fiscales sont en deçà des prévisions, et les services publics sont sous pression. Face à l’ampleur du défi, les vieilles politiques d’austérité, rigides et généralement inefficaces, ne suffisent plus. Ce qu’il faut désormais, c’est une nouvelle approche fondée sur la « frugalité », où chaque dépense est justifiée, et où l’efficacité prime, afin de garantir des services publics de qualité tout en utilisant moins de ressources.
La frugalité ne doit pas être confondue avec l’austérité. Là où l’austérité consiste à réduire les budgets de façon aveugle, la frugalité propose de repenser la fabrication des services publics en mettant l’accent sur la sobriété, la modération des dépenses et la recherche d’efficacité. Elle vise maximiser l’impact des services tout en optimisant les ressources disponibles de manière créative. Concrètement, cela signifie se concentrer sur les besoins essentiels des citoyens, éliminer les dépenses superflues et prioriser les services qui apportent une véritable valeur ajoutée. Le but ultime de la démarche est clair: découpler la qualité des services de l’utilisation excessive des ressources, autrement dit, faire mieux avec moins. L’efficacité des services publics ne se mesure pas à l’ampleur de leurs budgets, mais à l’ingéniosité avec laquelle ils sont administrés pour avoir un impact positif sur la vie des citoyens.
La frugalité repose aussi sur une démarche participative. Impliquer les citoyens dans la conception des services publics est essentiel pour garantir que les priorités publiques répondent aux besoins réels de la population. Des dispositifs comme les budgets participatifs, déjà en place dans des villes comme Paris, Rennes ou Pont-Péan, permettent aux citoyens de décider de l’affectation d’une partie des ressources communales. Cette approche permet non seulement d’éviter des dépenses inutiles, mais aussi de concentrer les fonds publics sur des projets concrets répondant directement aux attentes locales.
Enfin, la frugalité ne peut fonctionner sans un rééquilibrage fiscal juste, en faisant notamment contribuer davantage les ménages les plus aisés et en révisant la fiscalité des grandes entreprises. Cela permet de préserver la qualité des services publics sans recourir à des mesures d’austérité qui pèsent souvent sur les plus vulnérables. Cette réorganisation fiscale doit aussi encourager les entreprises responsables, notamment dans les secteurs à fort impact écologique et social. Soutenir les entreprises de l’économie circulaire, par exemple, permet de réduire les coûts liés à la gestion des déchets et à la pollution, allégeant ainsi la charge sur les finances publiques.
La frugalité ne doit pas être perçue comme une simple réponse aux contraintes budgétaires actuelles, mais comme une nouvelle façon de concevoir l’action publique : plus efficace, plus équitable et plus proche des citoyens. En misant sur l’optimisation des ressources disponibles, une participation citoyenne renforcée et une fiscalité intelligente, il est possible de revitaliser le service public tout en respectant les attentes légitimes des français.
“Faire plus avec peu” est possible, à condition de le faire intelligemment et avec la participation de tous. Parce qu’au-delà des chiffres, c’est l’avenir de notre société qui est en jeu.
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