Notre modèle de croissance est basé sur un schéma de production linéaire : extraire, utiliser, jeter. Ce modèle est à bout de souffle. L’épuisement des ressources naturelles, l’envolée des prix des matières premières, l’augmentation des coûts de la chaîne logistique, la pression croissante sur le foncier agricole ou encore la pollution sont des faits reconnus. Face à de tels défis, le passage à un modèle d’économie circulaire est une alternative qu’il convient d’envisager.
L’économie circulaire désigne un système économique sans déchets où tous les matériaux, coproduits ou objets usagés, sont réintroduits dans les chaînes de valeur pour être réutilisés plusieurs fois au lieu d’être jetés. Ce système soutient un mode de fonctionnement en « boucle fermée », proche de celui des écosystèmes naturels. Il vise à tirer parti des pratiques telles que le recyclage, la réutilisation, l’éco-conception ou l’écologie industrielle et territoriale, tout en créant à la fois une valeur sociale et économique. Cette approche est également compatible avec l’économie de la fonctionnalité, une démarche qui favorise l’usage à la possession des produits.
L’économie circulaire offre plusieurs avantages. Tout d’abord, grâce à une meilleure gestion des ressources naturelles, elle réduit les coûts de fonctionnement des entreprises et optimise leurs chaînes logistiques. Ensuite, elle permet de se prémunir contre les chocs des prix des ressources et de sécuriser ainsi les approvisionnements. Enfin, elle offre de nouvelles opportunités d’affaires et permet de créer des emplois à haute valeur ajoutée et non délocalisables, notamment dans le recyclage des déchets ménagers et industriels.
En France, certaines entreprises ont déjà commencé à innover autour de ce concept. Ainsi, le groupe Savéol, leader de la production de tomates en France, a opté pour la protection biologique intégrée (PBI) à travers l’élevage d’insectes utiles pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires. Renault produit sur son site de Choisy-le-Roi des pièces remanufacturées destinées à la réparation de véhicules en cours d’usage. En Auvergne, l’entreprise Phytosynthèse, spécialisée dans la phytothérapie animale, a développé un dispositif de récupération de chaleur et des odeurs pour réduire sa consommation d’énergie et les émissions olfactives désagréables pour les riverains. À Rennes, le projet développé par Veolia et ENVIE Rennes vise à créer un site de recyclage de matelas pour tout le grand Ouest.
Malgré l’intérêt croissant pour cette économie circulaire, un certain nombre de facteurs entravent encore son adoption : manque de sensibilisation, déficit de coordination entre les acteurs publics et privés, problèmes de financement. Toutefois, le principal obstacle reste la complexité et l’instabilité du cadre réglementaire. Par exemple, les questions liées au statut de déchet, à la traçabilité, à la gestion de la qualité par la certification ISO 9001 et au concept d’obsolescence programmée des produits restent encore non résolues. L’adaptation du cadre réglementaire aux principes de la « circularité » permettra d’accélérer significativement la transition vers l’économie circulaire en France.