Bien que la montée en puissance des start-ups de la FinTech ait été progressive et stable au fil des ans, en commençant par la création de PayPal en 1998, on assiste au cours des deux dernières années à l’arrivée d’une nouvelle génération de FinTechs qui rentrent sur le marché des services financiers et cherchent à le disrupter. En effet, des FinTechs comme Stripe, Intuit, Payoneer, CommonBond, Quicken Loans, Kabbage et même des systèmes tels que Apple Pay sont en train de changer profondément la face du système financier dans le monde. Leur objectif : changer la façon dont les gens utilisent les banques et donner la possibilité à plus de personnes d’utiliser les services financiers.
Ces perturbations, qu’il s’agisse de services de transfert d’argent électronique P2P plus simples ou d’infrastructures pour permettre aux entreprises d’intégrer des plateformes de paiement sur leurs sites Web sans avoir besoin d’un compte marchand, arrivent à un moment où il est plus difficile que jamais d’obtenir des prêts bancaires. En effet, suite aux nouvelles exigences réglementaires postérieures à 2008 et face à des banques qui deviennent plus prudentes, des FinTechs comme Lending Club, une plateforme participative de prêt entre particuliers, tentent de se faire une place dans un domaine traditionnellement monopolisé par les banques.
Les banques prennent acte de tous ces changements. Certains acteurs réagissent positivement et commence à se positionner comme facilitateurs pour accompagner ce mouvement à l’instar du Crédit Mutuel Arkéa, AXA ou BNP Paribas, alors que d’autres appellent à légiférer pour mieux encadrer les activités des FinTechs. Naturellement, les gouvernements et organismes de réglementation se sont impliqués, mais pas toujours au bénéfice des banques. Certains organismes de réglementation vont jusqu’à ouvrir les chaînes de valeur des banques et réduire la régulation afin de permettre aux FinTechs de concurrencer les géants financiers. Toutes ces évolutions suggèrent que la concurrence croissante entre les banques et les FinTechs se traduira par une relation mutuellement bénéfique.
La question de la nature de la relation entre les banques et les FinTechs se pose alors. S’agit-il d’une concurrence ou d’une coopération ? Les banques sont-elles en difficulté ou trop puissantes pour être disruptées par ces nouvelles entreprises qui ont beaucoup moins de ressources à leur disposition ?
Une chose est certaine, sur le marché actuel des services financiers, les startups de la FinTech ne pourraient pas exister sans les banques. Étant donné que la grande majorité des consommateurs ont besoin des banques pour stocker leur argent, presque tous les services actuellement offerts par les FinTechs s’appuient sur des informations financières d’utilisateurs que seules les banques détiennent. Beaucoup de FinTechs ont cependant une technologie de pointe que les banques n’ont pas (par exemple : des algorithmes pour analyser et identifier les types d’achats des clients afin de générer automatiquement un budget mensuel), et cet avantage concurrentiel les maintient pleinement dans le jeu. Dans le climat actuel, la relation entre les banques et les FinTechs semble donc davantage complémentaire que concurrentielle.
Si les banques décident de tirer parti de leur avantage concurrentiel pour contrer les FinTechs (à savoir l’accès aux informations financières des consommateurs), cela pourrait mettre en difficulté ces nouvelles entreprises qui n’ont pas les ressources, la reconnaissance ni l’expertise nécessaires pour rivaliser. Ce levier nécessiterait toutefois un investissement assez sérieux de temps et de ressources de la part des banques et pourrait impliquer un changement majeur de la manière dont les banques fonctionnent traditionnellement.
C’est là que les FinTechs entrent en jeu : ce n’est pas un secret que les FinTechs sont à la pointe des nouvelles façons d’utiliser les informations financières des consommateurs. Ces start-ups se révèlent être une force de changement dans le secteur financier, principalement parce qu’elles ont trouvé des moyens d’analyser l’information des utilisateurs d’une manière pertinente pour aider leurs clients à mieux gérer leur vie financière. L’analyse de ces données est le premier moteur de l’innovation financière et les FinTechs, plus que les banques, ont été à la pointe de l’utilisation des services de données basés sur le Cloud pour fournir une meilleure compréhension des informations financières émises par les clients.
Sans aucun doute, les banques et les FinTechs ont chacune leurs forces et faiblesses, mais après des années d’observation et de guerre médiatique, les deux parties doivent se rendre à l’évidence: elles sont mieux que des ennemies. En effet, compte tenu de leurs atouts complémentaires, elles ont davantage à gagner en coopérant. Les banques peuvent garantir une mise à l’échelle rapide avec un financement important et l’accès à la demande. Quant aux FinTechs, elles peuvent offrir les solutions les plus novatrices et efficaces pour un meilleur service à la clientèle.