En temps de crise, il semble toujours y avoir une priorité qui passe au second plan : l’écologie. Alors que la dette économique continue de croître, la dette écologique, elle, reste silencieuse, ignorée. Face à des choix budgétaires serrés, le gouvernement semble avoir tranché : la rigueur financière prime sur les ambitions écologiques. Les signaux envoyés ces dernières semaines, notamment dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2025 actuellement en discussion au Parlement, ne laissent aucun doute. Baisse du Fonds vert, réduction des crédits destinés à la rénovation énergétique, recul des aides à l’achat de voitures électriques. Le message est clair : l’urgence climatique attendra.
Pourtant, cet ajustement budgétaire est alarmant. Il survient à un moment où la transition écologique n’a jamais été aussi urgente. Les vagues de chaleur de plus en plus fréquentes, les inondations et les catastrophes naturelles récentes illustrent la fragilité de nos écosystèmes et la nécessité d’agir. Pourtant, à chaque nouvelle crise économique ou sociétale, la réponse semble systématiquement la même : l’écologie fait figure de variable d’ajustement.
L’écologie sacrifiée en temps de crise
Ce phénomène n’est pas nouveau. À chaque période de prospérité relative, l’écologie semble être au coeur des préoccupations. Mais dès qu’une crise économique frappe, elle est immédiatement sacrifiée sur l’autel de l’immédiateté. Ce fut le cas lors de la crise de 2008, où la priorité fut donnée à la relance économique par la consommation et l’investissement, laissant l’environnement en marge des discussions. Et plus récemment, lors de la pandémie de Covid-19, la situation s’est à nouveau répétée.
Face à l’incertitude et à l’urgence sanitaire, citoyens et collectivités ont temporairement renoncé à certaines pratiques écologiques. Le tri sélectif a été moins scrupuleusement respecté, les achats responsables ont reculé, et la consommation de produits bio a chuté. La priorité immédiate a été donnée à la survie économique et à la gestion de l’urgence sanitaire. Mais à quel prix ? Chaque recul en matière d’écologie a des conséquences à long terme. La dégradation environnementale continue de s’aggraver pendant que les décideurs politiques tentent d’éteindre les feux économiques.
Le coût de l’inaction
Loin d’être une contrainte, l’investissement dans l’écologie peut pourtant se révéler une stratégie payante à long terme. L’économiste Nicholas Stern l’a déjà affirmé dans son rapport en 2006 : le coût de l’inaction face au changement climatique sera infiniment plus élevé que celui de l’action. Chaque euro investi pour limiter les risques liés aux inondations, aux sécheresses ou aux fissures des maisons causées par les mouvements de terrain est un euro économisé en dépenses imprévues.
Le réchauffement climatique entraîne une série de risques économiques majeurs. Les inondations, par exemple, ne se contentent pas de ravager les infrastructures ; elles imposent des coûts colossaux de reconstruction aux collectivités locales et perturbent l’activité économique sur des semaines, voire des mois. En France, les sécheresses à répétition ont provoqué d’importantes fissures dans de nombreuses habitations, obligeant les ménages à engager des travaux coûteux, souvent non couverts par les assurances. Ces exemples illustrent bien que l’inaction environnementale ne fait qu’aggraver les coûts économiques futurs.
En réalité, l’écologie est une véritable assurance pour l’économie. Investir dans l’adaptation au changement climatique, l’économie circulaire ou encore la réduction des émissions de gaz à effet de serre, permet non seulement de limiter les catastrophes environnementales, mais aussi de préparer les entreprises et les citoyens à un monde où les ressources seront de plus en plus rares et où les énergies renouvelables remplaceront les énergies fossiles. Dans ce contexte, l’écologie n’est pas un fardeau pour l’économie : elle en est la clé de voûte.
L’écologie, clé de l’économie de demain
Il est temps de sortir de cette logique court-termiste qui oppose écologie et économie. L’écologie ne doit plus être la grande perdante des arbitrages budgétaires. Au contraire, intégrer des priorités écologiques dans la gestion des crises permettrait non seulement de préserver la planète, mais aussi de préparer une économie plus durable, capable de faire face aux défis futurs. Les technologies vertes, l’efficacité énergétique, la reforestation ou encore la transition vers les énergies renouvelables représentent des investissements non seulement pour l’environnement, mais pour l’économie du futur.
Les bénéfices d’une transition écologique réussie ne se limitent pas à la protection de la biodiversité ou à la lutte contre le changement climatique. Elle peut également créer des emplois durables, renforcer la sécurité énergétique des pays et réduire leur dépendance aux énergies fossiles. La crise écologique offre ainsi une opportunité unique de repenser notre modèle économique pour le rendre plus résilient et équitable. Ignorer cette opportunité serait une grave erreur.
Face aux défis à venir, il est essentiel de se rappeler que chaque euro investi dans l’écologie est un euro économisé sur les futures catastrophes naturelles. Ne pas agir aujourd’hui reviendrait à léguer aux générations futures une dette écologique ingérable, bien plus difficile à rembourser que n’importe quelle dette économique.
Il est temps d’agir.
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